Au Pakistan, une seule route, la Lowari Pass, vitale pour l’approvisionnement des villageois, relie Dir, petite ville située dans les zones tribales du Nord Ouest du pays à la vallée de Chitral, à la frontière de l’Afghanistan. Longue de 240 kilomètres, la Lowari Pass est l’unique point de passage à travers la montagne. Emprunter cette route est loin d’être une partie de plaisir : elle serpente à travers la montagne et ses corniches vertigineuses. Généralement, il faut une journée pour en arriver au bout du voyage, mais c’est rarement le cas. Nous avons fait le voyage avec Dawood, responsable deux camions. à 23 ans, il fait sans cesse des allers-retours – plus il fait de voyages, plus il accumule les primes de risque. Dans le froid et la chaleur extrêmes, les coups de fatigue arrivent sans prévenir, la concentration est à son maximum, car la moindre erreur peut être fatale. D’ailleurs, Dawood ne part jamais sans son frère, Khalid, âgé de seulement 14 ans, qui est là pour l’épauler et pour apprendre le métier. Comme eux, tous ceux qui prennent cette route – conducteurs, voyageurs, commerçants … – doivent affronter la poussière, les neiges, les torrents, les éboulements. Au vu du nombre d’accidents sur la route, le gouvernement pakistanais a lancé un projet de tunnel à travers la montagne. L’initiative ravit les routiers, qui n’auront plus à gravir, au péril de leur vie, le col perché à 3100 d’altitude de la Lowari Pass. De plus, l’ouverture du tunnel est censée faire baisser de 50% le chômage, très élevé dans la vallée. Mais c’est n’est pas encore gagné : le « tunnel de la mort « , comme l’appellent les habitants, est un passage d’une dizaine de kilomètres à creuser à travers la montagne. Et les éboulements y sont si fréquents que des ouvriers doivent déblayer chaque jour. Souvent, au risque de leur propre vie.
Réalisateur : Hugo Hayat